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mercredi 27 juin 2007

Petite anthropologie judéo-chrétienne
De la France d’aujourd’hui
(deuxième partie)

Lundi 25 juin, je publiais, sur ce blog, la première partie, d’une « Petite anthropologie judéo-chrétienne de la France d’aujourd’hui ». Cette première partie, mettait l’accent, sur l’élément politique. La deuxième partie, ci-dessous, analyse, l’élément éthique et religieux, tel qu’il s’inscrit dans l’ensemble politique. Voyons cela tout en restant simple.

Le 19 juin, le Vatican, dans une dépêche de l’agence Zenit, citait Simone Veil (elle légalisa l’avortement en 1975, alors qu’elle était ministre de la santé), à propos de l’avortement, en ces termes : « On ne peut obliger personne à aller contre ses convictions (…) C'est une question éthique et pas seulement un geste médical (…) Il est de plus en plus évident scientifiquement que, dès la conception, il s'agit d'un être vivant ».

Venant de la part de Simone Veil, cette réflexion est à la fois un virage à 180 degrés, une rupture avec la pensée unique et, qu’on le veuille ou non, une approche qui participe de l’éthique et de la conscience. En deux mots : Dieu agit.

Le 25 juin, Thierry Boutet, demande que les catholiques comprennent les motivations de ceux qui, comme la Fondation de service politique, tentent de défendre le bien commun auprès de la majorité actuelle : « Nous avons constamment à nous demander quel est l’acte politique, le vote ou l’alliance tactique, qui donnera le plus de chance et d’opportunité de faire le bien dans notre combat pour le respect de la dignité de la personne (…) Les uns estimeront qu’il faut soutenir un parti de gouvernement, d’autres penseront qu’il faut être dans l’opposition. Ces différences sont légitimes (…) Sur les questions qui concernent la vie, le mariage, l’école et l’éducation, les chrétiens doivent, plus que d’autres, être unis ».

Sur Salon Beige, Henri Védas réagit, aux propos de Thierry Boutet, en écrivant : « Etant entendu qu’être unis n'interdit pas, au contraire, de comparer calmement, y compris à haute voix, l’efficacité de différentes stratégies possibles ».

Le 26 juin, Rémi Fontaine, dans Présent, répond à Thierry Boutet que la défense par les catholiques de leurs communautés naturelles n’empêche pas, d’agir, autant que possible, au sein des institutions politiques actuelles : « à condition de ne pas être dupe de la déficience intrinsèque de ces institutions, en devenant des cautions catholiques, des alliés objectifs de cette déficience, voire des idiots utiles ».

Toujours le 26 juin, la Commission des épiscopats de la Communauté européenne rappelle: « il serait mieux pour l’Europe que le traité reconnaisse explicitement que le christianisme a constitué et continue à constituer son héritage culturel et religieux, sans pour autant exclure les autres traditions religieuses (…) Nous prenons acte du fait que le paragraphe du préambule du traité constitutionnel, qui sera transposé dans le préambule du traité UE, fait référence à l’héritage culturel, religieux et humaniste de l’Europe. Nous nous en réjouissons. Nous réaffirmons cependant notre conviction selon laquelle il serait mieux pour l’Europe que le traité reconnaisse explicitement que le christianisme a constitué et continue à constituer son héritage culturel et religieux, sans pour autant exclure les autres traditions religieuses ». Les médias (blogs, quotidiens, etc.), de la droite nationale et catholique, gardent, en revanche, une tonalité, beaucoup plus sceptique et agressive, à l’égard de l’Union européenne en général ; et à l’égard du rôle de Nicolas Sarkozy dans ce cadre, en particulier.

Tentons, de reprendre, les faits, énumérés ci-dessus, sous l’angle de l’anthropologie judéo-chrétienne. Nous l’avons écrit dans la première partie, l’anthropologie judéo-chrétienne, c’est tout simplement l’étude, à la fois théologique et philosophique, de la personne humaine, sous le regard de Dieu. La personne humaine, sous le regard de Dieu, est corps, âme et esprit. Créée par Dieu, la personne humaine est appelée à vivre dans l’unité de son corps, de son âme et de son esprit. L’esprit permet l’exercice quotidien de la volonté. Cette volonté permet de poser des actes, y compris des actes d’amour, qui vont au-delà de ce que l’on ressent. C’est, en réalité, l’exercice de la liberté intérieure. Vue sous cet angle, la façon dont se déroulent, les débats politiques, éthiques et religieux en France, révèle, le désordre, que vis ce pays, en termes d’anthropologie judéo-chrétienne.

Les deux exemples pris ci-dessus – l’un concernant les catholiques et la politique en France, l’autre concernant les catholiques et l’Europe – soulèvent la question de savoir s’il faut, plutôt faire alliance (tel Thierry Boutet) ; ou plutôt faire opposition (tels Henri Védas et Rémi Fontaine).

Ce qui me frappe, chez Henri Védas et Rémi Fontaine, c’est qu’ils commencent par entrer en matière avec Thierry Boutet. Mais pour ajouter en suite des « étant entendu que » et des « à condition de ». Tout cela, pour aboutir à la « déficience intrinsèque » des institutions et au fait qu’en y participant, les catholiques deviennent des « alliés objectifs de cette déficience, voire des idiots utiles ». Si je résume cette façon de penser, elle donne ceci : il faut être idiot pour s’engager dans des institutions intrinsèquement déficientes. Donc, Thierry Boutet et tous ceux de son espèce sont des idiots. Et à contrario, les Védas et autres Fontaine sont des gens intelligents. Il ressort de tout cela qu’en définitive, la chose qui compte avant tout, c’est, je cite encore les ténors de l’opposition, « la défense par les catholiques de leurs communautés naturelles ». C’est à partir de cette dernière affirmation, que j’aimerais, ci-dessous, reprendre l’aspect anthropologique.

La question centrale demeure celle-ci : jusqu’à quel degré les catholiques français sont-ils catholiques ? Et qu’entendent-ils, au juste, par être catholique ? Si je veux répondre à ces questions avec l’aide de l’anthropologie judéo-chrétienne, je dois me souvenir que celle-ci est l’étude à la fois théologique et philosophique, de la personne humaine, sous le regard de Dieu (au fil de l’histoire, cette anthropologie jaillit des Psaumes du Roi David, des Appels des Prophètes, tels Isaïe et Jérémie, des Paroles de Saint Paul, Saint Irénée, Saint Augustin et Saint Thomas d’Aquin). Bien.

Les catholiques français sont-ils à la fois théologiquement et philosophiquement catholiques ? Je crois que le problème commence ici. Nous qui regardons nos amis français depuis l’extérieur, en ce qui me concerne, depuis les Alpes suisses, à 1'500 mètres d’altitude en Valais, que leur reprochons-nous le plus souvent ? La polémique verbale et l’individualisme. « Les Français sont des râleurs ». « Les Français ne sont jamais contents ». « Les Français, ce n’est que du blabla et ils ont toujours raison ». Et ainsi de suite. Laissons de côté les reproches et cherchons l’explication. La majorité des catholiques français, même ceux qui ont fréquenté des écoles privées, traditionalistes ou pas traditionalistes, sont inévitablement marqués par le siècle des « libres penseurs » et la révolution dite « française ».

Bien sûr, si nous leur disons cela sans amitié, ils vont mal le prendre. C’est pour leur éviter ce malaise, que le présent article demeure, somme toute, assez long. Les catholiques français veulent bien rester catholiques, mais à un certain nombre de conditions. D’abord, il leur faut impérativement, je les cite encore, « la défense de leur communauté naturelle ». Ce n’est pas uniquement le cas des traditionalistes, je m’empresse de le préciser. Ensuite, il leur faut une personne de référence, laïc ou clerc, au sein de leur communauté. Enfin, il faut que chacune et chacun garde, la possibilité, de s’affirmer, au plan strictement verbal.

En dehors de sa communauté qu’il dit naturelle ; en dehors d’une personne à qui se référer ; en dehors de l’affirmation verbale de soi, le catholique français, a beaucoup de peine à survivre et à durer dans la foi. Le catholique français traditionaliste est parfois, sans le savoir, théologiquement catholique et philosophiquement anti-universel. Le catholique français conciliaire ou charismatique est parfois, sans le savoir, philosophiquement universel et théologiquement anti-catholique. Or, le problème, c’est que, justement, catholique, terme venant du grec, veut dire universel.

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