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Michel Garroté –
Face aux gesticulations journalistiques à propos du
« Vatileaks », Benoît
XVI fait la mise au point publique suivante (extraits) : « Les
évènements récents touchant la Curie Romaine et mes collaborateurs
m'attristent, sans que soit entamée ma certitude absolue selon laquelle, malgré
la faiblesse humaine, les difficultés et les épreuves, l'Eglise est guidée par
le Saint-Esprit et le Seigneur. Je suis certain qu'Il ne cessera de la soutenir
sur son chemin. Ceci dit, les conjectures multipliées par certains médias sont
totalement gratuites, allant bien au-delà des faits réels et offrant une image
du Saint-Siège sans rapport avec la réalité. C'est pourquoi je tiens à
renouveler ma confiance et mes encouragements à mes plus proches
collaborateurs, comme à tous ceux qui jour après jour, fidèlement, en silence
et en esprit de sacrifice m'assistent dans mon ministère », conclut Benoît
XVI.
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Pour ce qui me concerne, je me
suis beaucoup amusé, hier soir, en regardant l’émission française « C dans
l’air » consacrée à cette affaire. Décidément, en matière de bouffonneries
christianophobes, l’audiovisuel public français détient la Palme d’Or. Cela
faisait très longtemps que je n’avais regardé et écouté autant de
pseudo-experts totalement imbus d’eux-mêmes réciter par cœur les sempiternelles
litanies anticatholiques. Cela dit, je reviendrai, en temps opportun, sur les
faits. Car seule l’analyse concrète des faits s’étant réellement produits m’intéresse.
A ce stade et pour l’instant, je n’ai lu que des inepties et des
extrapolations. Lorsque de vrais vaticanistes auront accomplis leur travail -
honnête et sans complaisance - d’investigation, j’en ferai état ici.
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Critiquer les dérives du
personnel de l’Eglise catholique ne me dérange pas et - du reste - je l’ai
souvent fait sur ce blog. Mais raconter tout et n’importe quoi, non, cela, je
le refuse. Parmi les innombrables allégations formulées hier soir dans « C
dans l’air », il y avait celle selon laquelle Benoît XVI aurait,
soi-disant, fichu en l’air les rapports de l’Eglise avec l’islam, notamment
lors de ses deux discours, l’un à l’Université allemande de Regensburg
(Ratisbonne), et, l’autre, au Collège des Bernardins à Paris. A ce propos, j’aimerais
reprendre ci-dessous la question des rapports de l’Eglise avec l’islam. Le
lecteur constatera ainsi que si Benoît XVI lui-même a en effet tenu des propos courageux
sur l’islam (qui lui sont actuellement à nouveau vivement reprochés), le clergé
catholique, lui, en revanche, reste étonnamment islamophile et souvent
israélophobe.
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Petit rappel : le vendredi 22 octobre 2010, au cours de la quatorzième Congrégation
générale, les Pères synodaux de l’Eglise catholique,
réunis au Vatican, avaient approuvé le Message final de l'Assemblée spéciale
pour le Moyen Orient du Synode des
évêques. Ce Message final, en voici quatre extraits (commentés par
mes soins entre parenthèses).
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Premier extrait
: « Le Concile Vatican II a publié le document Nostra Aetate, concernant le
dialogue avec les religions, avec le judaïsme, l'islam et les autres religions.
Il y a d'autre part un dialogue continu entre l'Eglise et des représentants du
judaïsme. Nous espérons que ce dialogue puisse nous conduire à agir auprès des
responsables pour mettre fin au conflit politique qui ne cesse de nous séparer
et de perturber la vie de nos pays » (Note de Michel Garroté : il y a donc un «
conflit politique qui ne cesse de nous séparer et de perturber la vie de nos
pays », racontent les ecclésiastiques orientaux dans le chapitre du « Message
final », chapitre consacré aux Juifs ; j’ignorais que c’est aux Juifs de mettre
fin au « conflit politique qui ne cesse » de séparer les ecclésiastiques
orientaux des Juifs ; « conflit qui ne cesse de perturber la vie » dans les
pays où vivent ses mêmes ecclésiastiques orientaux ; les Juifs seraient donc,
selon ces ecclésiastiques orientaux, coupables du « conflit qui ne cesse de
perturber la vie » dans les pays où vivent ses mêmes ecclésiastiques orientaux
; c’est en tous les cas que ce l’on peut lire dans le chapitre du « Message
final » consacré aux Juifs).
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Deuxième extrait
: « Il n'est pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques
pour en faire un instrument pour justifier les injustices. Au contraire le
recours à la religion doit porter toute personne à voir le visage de Dieu dans
l'autre, et le traiter selon les attributs de Dieu et selon ses commandements »
(Note de Michel Garroté : ce paragraphe, à lui seul, constitue peut-être la
partie la plus hallucinante du « Message final » de l'Assemblée spéciale « pour
» le Moyen Orient du Synode des évêques ; en effet, ce paragraphe s’adresse aux
Juifs ; or, si l’Eglise catholique mettait ce paragraphe en pratique, ce ne
seraient plus les « positions bibliques et théologiques » juives et chrétiennes
qui éclaireraient les Juifs d’Orient et les Chrétiens d’Orient sur la façon de
« voir le visage de Dieu dans l'autre, et le traiter selon les attributs de
Dieu et selon ses commandements » ; mais si ce ne sont plus les « positions
bibliques et théologiques » juives et chrétiennes qui éclaireraient les Juifs
d’Orient et les Chrétiens d’Orient, la seule « position » qui leur reste, c’est
la « position » coranique. Est-ce bien là le point de vue du Saint-Siège en
matière de « positions bibliques et théologiques » ? Ou a-t-on simplement à faire à une contre-église islamo-compatibe inventée par
des ecclésiastiques orientaux désorientés ?).
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Troisième
extrait : « Les citoyens des pays du Moyen-Orient interpellent la communauté
internationale, en particulier l'ONU, pour qu'elle travaille sincèrement à une
solution de paix juste et définitive dans la région, et cela par l'application
des résolutions du Conseil de sécurité et la prise des mesures juridiques
nécessaires pour mettre fin à l'occupation des différents territoires arabes.
Le peuple palestinien pourra ainsi avoir une patrie indépendante et souveraine
et y vivre dans la dignité et la stabilité » (Note de Michel Garroté :
décidément, le « Message final » de l'Assemblée spéciale « pour » le Moyen
Orient du Synode des évêques est un message à la fois final et spécial ; on peut
même se demander s’il a été rédigé par le Synode des évêques ; ou s’il a été
rédigé par la l’Organisation
de la Coopération Islamique,
l’OCI. La formule « communauté internationale » n’existe pas dans les «
positions bibliques et théologiques » de l’Eglise catholique. Les
ecclésiastiques orientaux, qui veulent abolir les « positions bibliques et
théologiques » qui doivent éclairer les Juifs d’Orient et les Chrétiens
d’Orient sur la façon de voir le visage de Dieu dans l'autre, et le traiter
selon les attributs de Dieu et selon ses commandements, ces mêmes
ecclésiastiques orientaux veulent-ils maintenant imposer le concept de «
communauté internationale » tel que le développe la l’Organisation de la Coopération Islamique ? Les ecclésiastiques orientaux veulent-ils que le
Saint-Siège applique les résolutions du Conseil de sécurité ? Auquel cas le
Saint-Siège devra, à l’avenir, appliquer absolument toutes les résolutions du
Conseil de sécurité, et pas seulement celles qui concernent Israël. Et puis,
les ecclésiastiques orientaux veulent-ils que le Saint-Siège mette fin à «
l'occupation des différents territoires arabes » ?
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Mais alors, tous
les « territoires arabes », initialement peuplés de Juifs « Arabes » d’Orient
et de Chrétiens « Arabes » d’Orient, devront être libérés. Libérés de toute
occupation musulmane ; occupation venue de la péninsule arabique, à partir du
VIIe siècle, occupation de la Syrie, du Liban, d’Israël, etc. Et puis de quoi parle-t-on à la fin ? Des Arabes ou des
musulmans ? Enfin, à lire le fameux « Message final », le peuple palestinien
pourra « avoir une patrie indépendante et souveraine » lorsque des « mesures
juridiques » auront mis fin à « l'occupation des différents territoires arabes
». Primo, je me demande sur quelle vérité historique et sur quelle vérité
géographique doivent se baser ces « mesures juridiques ». Secundo, je me
demande sur quelle vérité historique et sur quelle vérité géographique doit se
baser le concept de « l'occupation des différents territoires arabes ».
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Et tertio, je me
demande sur quelle vérité historique et sur quelle vérité géographique se base
l’allégation selon laquelle les palestiniens auraient le sentiment d’avoir, en
Judée et en Samarie, « une patrie indépendante et souveraine », alors qu’à
l’origine, la seule « patrie indépendante et souveraine » des palestiniens, au
sens juridique, historique et géographique, c’est la Jordanie. Nos braves
ecclésiastiques orientaux voudraient abolir nos « positions bibliques et
théologiques » ; et en plus nos braves ecclésiastiques orientaux voudraient
abolir les vérités historiques et les vérités géographiques. Mais alors, si
nous les écoutions, que nous resterait-il ?).
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Quatrième et
dernier extrait : « L'Etat d'Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité
au-dedans des frontières internationalement reconnues. La ville sainte de
Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère
particulier, sa sainteté et son patrimoine religieux, pour chacune des trois
religions juive, chrétienne et musulmane. Nous espérons que la solution des
deux Etats - le Synode écrit « états »… - devienne une réalité et ne reste pas
un simple rêve » (Note de Michel Garroté : ainsi donc, nos braves pères
synodaux concluent, en feu d’artifice, avec ces deux bouts de phrases : «
L'Etat d'Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité ». Et : « La ville
sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère
particulier ». J’en suis ému aux larmes. Lorsque l’Eglise catholique et Israël
feront absolument tout ce que leurs demandent l’Organisation des Nations Unies,
l’Organisation de la Coopération Islamique, la
Ligue Arabe, les ONG, le Fatah, le Hamas, le Hezbollah, les dictatures
musulmanes aussi bien laïques que théocratiques, alors, et alors seulement, «
l'Etat d'Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité » et « La ville
sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère
particulier ». Franchement, vous-y croyez, vous ?). Fin des quatre extraits
(commentés par mes soins entre parenthèses) du « Message final » de l'Assemblée
spéciale « pour » le Moyen Orient du Synode des évêques.
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Bien. Pour ce
qui me concerne, je note qu’un évêque libanais de rite syriaque, Mgr Raboula
Antoine Beylouni, a tout de même eu le courage de rappeler, en marge du Synode,
que le Coran « ordonne d'imposer la religion par la force, par l'épée », que «
le Coran permet au musulman de cacher la vérité au chrétien et de parler et
agir contrairement à ce qu'il pense et croit », que « le Coran donne au
musulman le droit de juger les chrétiens et de les tuer par la djihad ». Mgr
Raboula Antoine Beylouni a également eu le courage de rappeler que « les
musulmans ne reconnaissent pas la liberté religieuse, ni pour eux ni pour les
autres », que le musulman aborde le « dialogue avec cette supériorité et avec
l'assurance d'être victorieux », que discuter « sur les dogmes » entre
chrétiens et musulmans s'avère impossible et qu'il convient de choisir, pour le
dialogue, des « thèmes abordables » ainsi que des « interlocuteurs chrétiens
capables et bien formés, courageux et pieux, sages et prudents » (Fin des
extraits des remarques de Mgr Raboula Antoine Beylouni, remarques faites en
marge du Synode ; remarques qui, évidemment,
ne figurent pas dans le Message final de l'Assemblée spéciale pour le Moyen Orient du Synode des évêques).
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Je retiendrai
donc, pour ce qui me concerne, les remarques – sages et vraies – de Mgr Raboula
Antoine Beylouni. Je retiendrai, aussi, le magistère constant et la théologie
constante de l’Eglise catholique, depuis quatorze siècles, sur l’islam,
notamment dans les écrits des saintes et des saints. Je retiendrais, également,
les propos doctrinaux sur l’islam, prononcés par Benoît XVI, à l’Université de
Ratisbonne et au Collège des Bernardins. Je retiendrai toujours, les écrits sur
l’islam et/ou sur le judaïsme, de saint Bernard de Clairvaux ; de
mon ami le père Pierre-Marie Soubeyrand ; de mon ami l’abbé Alain René Arbez (cf. lien en bas de
page dans les sources) ; du cardinal Charles Journet ; du cardinal Jean-Marie Lustiger ; du théologien Claude
Duvernoy ; de mon maître à penser, le philosophe Jacques Maritain ; du professeur
Kurt Hruby ; du professeur David
Flusser ; de Jean-Daniel Chevalier (Primo Europe) ; du père Emile Shoufani ; d’Yves Chevalier (Revue Sens) ; de frère Ephraïm, auteur de « Jésus, Juif pratiquant », chez Fayard.
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Je retiendrai
toujours, les écrits sur l’islam et/ou sur le judaïsme, du père Etienne Richer, auteur de « Aimer Israël : pourquoi ? », chez Pneumathèque ; de mon ami feu Laurent Murawiec ; de mon amie l’historienne
Bat Ye’or, auteur
entre autre de « L’Europe
et le spectre du Califat », chez Les Provinciales, en 2010 ; de George Weigel,
biographe de Jean-Paul II et de Benoît XVI ; de Richard Neuhaus, rédacteur en
chef de ‘First Things’ ; du théologien
Michael Novak ; du journaliste catholique
Jean-Marie Allafort ; du père Michel
Remaud ; et de tant d’autres encore que je ne peux toutes et tous citer ici.
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En revanche, je
ne retiendrais pas les propos – médiatiques, anachroniques et hérétiques – de
ces ecclésiastiques catholiques d’Orient désorientés, dont je me demande s’ils sont, comme l’a
sous-entendu Mgr Raboula Antoine Beylouni, bien formés, courageux, pieux, sages
et prudents (cf. plus haut les remarques à ce sujet de Mgr
Raboula Antoine Beylouni). Au regard de
l’Eglise catholique et de ses 2'000 ans d’histoire, au regard de la vie
éternelle, au regard de la vérité historique et géographique, le « Message
final » de ces ecclésiastiques d’Orient désorientés, « Message final »
approuvé en 2010 et non-révisé depuis, n’est déjà, pour moi, plus que poussière.
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Michel Garroté
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Sources :
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Reproduction
autorisée avec mention de ce blog
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